dimanche, juillet 20

Enfin une réponse médicale sur l'impact d'internet

Internet et les jeux vidéos offrent des nouveaux espaces dans notre environnement. Ces espaces ont la particularité d.être virtuels, c.est-à-dire d.exister seulement « à l.état de simple possibilité ». Cette particularité nous permet de faire des projections de notre monde réel. Internet et les jeux vidéo auraient donc la possibilité d.être une réalité projetée. L.existence de mondes virtuels vient bouleverser chez le sujet son rapport à la réalité. Internet est un support virtuel, mais qui peut donner lieu à des évènements effectifs. Lorsque deux personnes se rencontrent sur Internet, la relation peut être idéalisée ou fantasmée, mais elle est réelle, elle est effective.
La fréquentation de ces mondes virtuels par le sujet aurait un impact réel sur son comportement et favoriserait chez certains sujets l.émergence de comportements pathologiques, tels que l.addiction ou des comportements déviants, tels que la violence.
Les jeux vidéo et Internet mettent en exergue deux problématiques : celle de la dépendance et celle de la confusion entre ce qui est réel et ce qui est virtuel, dans certains cas l.une venant entretenir l.autre. Par l.usage des jeux vidéo et d.Internet ce qui est posé, c.est la question du contact entre le sujet et son environnement. Car si nous pouvons regarder les espaces virtuels comme des espaces de projection, nous pouvons aussi les regarder comme des moments de l.espace-temps du sujet pendant lequel il n.est pas en contact avec d.autres éléments de son environnement. Qu.est-ce que le sujet projette ? Mais aussi qu.est-ce qu.il fait ? Et qu.est-ce qu.il évite ?
De nombreux auteurs s.intéressent à l.influence que ces nouvelles technologies peuvent avoir sur le sujet. Ils cherchent à démontrer ou réfuter l.existence d.un lien de cause à effet entre Internet et les jeux vidéo et l.émergence de psychopathologies. Ces chercheurs prennent l.objet comme point de départ de leur réflexion. L.objet de notre première partie sera de faire le point sur ces études1.
Dans une deuxième partie nous regarderons comment émergent des problématiques autour des jeux vidéo et d.Internet pour des personnes qui sont en souffrance psychologique. Il ne s.agit plus ici de placer les objets, jeux vidéo et Internet, comme point de départ de l.observation, mais le sujet. Comment le sujet souffrant et se reconnaissant en tant que tel, aborde des problématiques autour des jeux vidéo et d.Internet dans son processus psychothérapeutique. Pour se faire, nous avons mené une étude auprès de psychothérapeutes afin d.étudier les processus d.émergence de problèmes liés aux usages des jeux vidéo et d.Internet abordées par des personnes en psychothérapie quelque soient les symptômes pour lesquels ils sont venus consulter.
En mettant le sujet au centre de l.étude, nous souhaitons regarder les sens que peuvent avoir des problématiques d.usage des jeux vidéo et d.Internet dans la problématique globale du sujet. Cette approche doit nous permettre de sortir des normes quantitatives de définitions des comportements addictifs ou normaux et de sortir des débats en terme de bien et de mal des jeux vidéo et d.Internet.


A la lecture de cet article, je comprends mieux "les meutres virtuels", les tracage sur les lieux d'existence pour des règlements de compte avec des personne que vous ne connaissez d'ailleurs pas, mais font partie d'une "communauté virtuelle", la violence décrite, l'absence de la notion de réalité, et ce que j'appelle "la sublimite" dans le cadre d'une relation virtuelle homme femme ou autre, existent bel et bien.Involontairement je les disais des "malades du net" je n'étais pas loin de la realité médicale.




Addiction à Internet
La plupart des auteurs s.accordent à dire, même John Grohol pour qui l.addiction à Internet n.a pas valeur d.entité clinique, qu.il existe un usage « abusif » d.Internet. Cet usage abusif est défini quantitativement chez certains, et qualitativement en rapport avec les conséquences qu.il peut avoir sur la vie « réelle » de l.internaute.
L.abus est tout d.abord déterminé en lien avec le temps que durent les connexions à Internet. Le temps est cette variable indéfinie et indéfinissable, derrière laquelle courent tous ces auteurs. Elle représente l.élément central, qui leur permettrait de remédier au flou entourant le concept d.addiction ; une variable scientifique et mathématique, qui indiquerait exactement quand le sujet se trouve dans la normalité et quand il se trouve dans l.a-normalité. Mais malgré leurs efforts, ce « temps » reste indénombrable. Les auteurs tentent alors de le définir de façon plus qualitative, ce qui enlève une certaine rigueur et conduit à des jugements plus subjectifs.
K. Young parle d.usage abusif d.Internet, lorsque le sujet passe plus de temps dans le monde virtuel que dans le monde réel.
Orzack estime que l.internaute fait une utilisation excessive d.Internet, quand la personne passe de plus en plus de temps sur Internet et que cela interfère avec « les obligations de la vie réelle ».
Greenfield et Grohol définissent également l.usage excessif d.Internet par rapport au temps passé à surfer.
Un usage excessif se mesurerait donc en terme de temps passé sur Internet et serait une caractéristique d.une personne qui développe une dépendance à Internet.
Les répercussions sur la vie quotidienne (problèmes familiaux, scolaires, professionnels, financiers ou juridiques) constituent le second facteur, qui en complément du facteur « temps » va permettre de diagnostiquer un usage pathologique d.Internet. Ce facteur caractérise plutôt un usage nocif d.Internet.
Young, à l’opposé du DSM-IV, auquel elle se réfère pourtant, considère que les répercussions sur l.entourage du comportement du sujet sont significatives d.un comportement pathologique. Si le sujet ne semble pas vouloir pour autant remettre en cause son comportement, ni même reconnaître le problème, il se trouve alors dans le déni.
Suler axe son étude sur cet aspect plus qualitatif du phénomène. Un sujet fait un usage pathologique d.Internet lorsqu.il opère une dissociation entre son activité virtuelle et son activité réelle. Les personnes deviennent dépendantes à Internet, ou agissent de façon pathologique dans le cyberespace, quand ils l.ont dissocié dans leur vie réelle. Leurs activités dans le cyberespace forment un monde à part entière. Ils n.en parlent pas avec des personnes de leur vie réelle. Cela devient un puissant substitut ou un moyen de fuir leur vie.
K. Young se sert du diagnostic du jeu d.argent pathologique comme modèle clinique de l.addiction à Internet. Tous les auteurs ne suivent pas Young dans cette démarche. J. Grohol estime qu.il n.y a pas de comparaison possible entre les paris et autres jeux d.argent et Internet. Le jeu d.argent est une activité par nature antisociale, qui apporte des faibles échanges sociaux. Internet serait au contraire « un médium pro-social, interactif, et qui véhicule de l.information. »3
Suler souligne dans son article « Addiction à l.ordinateur et au cyberespace »4, le flou qui règne autour du concept d.addiction, car le problème est, dit-il, « de trouver la limite entre l.enthousiasme « normal » et la préoccupation « anormale ». Ceci se complique d.autant plus avec le concept « d.addiction positive ».
« L.addiction . définie de façon approximative . peut être saine, malsaine, ou un mélange des deux. » Les addictions positives (ou « saines ») désignent des activités, qui sont devenues des besoins pour le sujet et qu.il ne peut s.empêcher de réaliser, mais qui n.ont pas de conséquences négatives sur la vie du sujet ou son entourage. Bien au contraire, elles sont dites « positives », car elles apportent des bénéfices au sujet, qui viennent compenser le fait d.être devenu dépendant.
Ce concept tend également à objectiver le phénomène d.addiction. Un regard extérieur et arbitraire est posé sur des comportements individuels. Ce n.est pas le sujet acteur de la conduite qui juge si son comportement lui apporte des bénéfices, mais un regard normatif et social. On perçoit encore ici l.influence de la médecine et de la clinique médico-psychiatrique, dont le paradigme pourrait être : « un esprit sain dans un corps sain. »
De façon implicite, un certain usage d.Internet est toléré (les e-mails, le www.), qui concerne l.aspect informatif d.Internet. Internet en tant qu.outil de savoir est valorisé, mais tout ce qui concerne l.aspect récréatif (les jeux en ligne, les chats.) est déprécié. Dans une de ses enquêtes, Young établit que les sujets dépendants seraient plus attirés vers les jeux en ligne et les chats, tandis que les sujets non-dépendants utiliseraient Internet pour les e-mails et l.information.
On retrouve de façon très prégnante un appel au « bon sens » social et à la morale. Plus qu.un problème individuel, l.Addiction à Internet devient pour cet auteur
3 Grohol J., « Internet addiction guide », « Le guide de l.addiction à Internet », 1999.
4 Suler J., « Computer and cyberspace addiction », « Addiction à l.ordinateur et au cyberespace », 1996.
un problème de société, car il a des répercussions sur la famille et l.entourage des sujets dépendants. Internet est source de divorces, de licenciements et d.échecs scolaires.
Le sujet dépendant est également vu comme un individu « prédisposé » ou montrant une « vulnérabilité » aux addictions. Il est la victime, et de sa faiblesse (il cherche à fuir des problèmes), et de la « perversité » des nouvelles technologies, ce que D. Greenfield nomme le « potentiel addictif d.Internet ».
Le sujet dépendant est vu tour à tour comme coupable d.un usage qualifié « d.excessif », « d.abusif », de « maladapté » ; cet usage pouvant même être puni par la loi. Le sujet est également vu comme une victime du potentiel addictif d.Internet. Selon l.expression de Greenfield, ils sont « piégés sur le Net ». L.individu addicté à Internet a perdu sa liberté.
Une partie de la difficulté à définir le concept d.addiction provient du fait que l.addiction à Internet n.est plus seulement un phénomène concernant le monde médico-psychiatrique, mais concerne aujourd.hui le monde juridique et la société. Cela devient désormais un problème de santé publique.
L.usage que fait l.individu d.Internet est complètement objectivé et les chercheurs tendent à en faire un phénomène généralisé. Ce que dénonce d.ailleurs S.A King et J. Grohol en reprochant à leurs collègues de grossir le phénomène et de ne pas être assez rigoureux lors de leurs enquêtes. Par exemple peu d.enquêtes prennent en compte la catégorie des « nouveaux utilisateurs », où l.usage excessif d.Internet pourrait s.expliquer par l.envie de découverte du médium et la curiosité.
Internet est accusé d.avoir des répercussions néfastes sur la vie sociale de l.individu et d.isoler les internautes, soit au contraire à connotation positive, où le médium est vu comme un outil de socialisation permettant d.agrandir son cercle de connaissances et de rencontrer virtuellement des gens qui se trouvent à plus de mille kilomètres de nous. « It.s a small, small world ».
Certains auteurs postulent qu.Internet est un médium addictif, parce qu.il satisfait au besoin de socialisation de l.homme.
S. A. King considère que ces éléments ne favorisent pas la communication et ne font que la simuler. Cette communication est en fait « une mascarade ». Le monde virtuel déforme la perception que nous avons des autres et que les autres ont de nous. Nous avons l.impression de communiquer nos pensées les plus intimes, mais en fait la communication se déroule avec un écran d.ordinateur. Les internautes montrent uniquement ce qu.ils veulent et interagissent uniquement quand ils le veulent. Internet serait un moyen d.éviter le contact social intime.
Plutôt que de porter un jugement de valeur, qui ne fera que stigmatiser encore plus le handicap des internautes, s.ils ont réellement du mal à entretenir des relations interpersonnelles réelles, pourquoi ne pas s.interroger comme le fait J. Suler sur l.intérêt et la satisfaction qu.ils y trouvent ?
Le concept d.addiction à Internet trouve des difficultés à s.imposer de façon consensuelle auprès de l.ensemble des professionnels de la santé mentale. La notion d.« addiction » étant elle-même contestée, l.acceptation du Trouble d.addiction à Internet en est d.autant plus critiqué. L.amalgame fait par certains entre « addiction positive » et « addiction négative » contribue à maintenir une limite floue entre un usage normal et un usage pathologique.




Internet et suicide
Internet a-t-il eu une influence sur le passage à l.acte de ces sujets ?
Selon S. Thompson8, le groupe le plus vulnérable à l.influence de sites sur le suicide est le groupe des 18-24 ans.
Baume P. et ses collaborateurs suggèrent que « bien que le phénomène de suicide ait toujours existé, Internet et son potentiel d.influence sur le comportement suicidaire sont nouveau ». Ils ajoutent : « Internet a un potentiel d.influence sur le comportement suicidaire, et à cause de sa composante interactive, il agit de façon plus forte que la presse, la télévision ou les films. »9 Le groupe de discussion auquel l.internaute participe agirait comme un facteur d.influence sur le comportement suicidaire. Le groupe exercerait une pression sur le sujet suicidaire, ce qui l.inciterait de façon plus marquée à passer à l.acte.
Il est aujourd.hui impossible de dire combien de suicides ont réellement été influencés par Internet, puisque les professionnels de la santé mentale commencent seulement à publier des études de cas.
Le passage à l.acte suicidaire semble totalement être vidé de son contenu émotionnel : ce n.est plus un acte fait de douleur, mais de « rationalité ».
Le suicide peut être vu comme un passage à l.acte. Il arrive là où le processus d.élaboration fait défaut, c.est à dire là où le sujet se retrouve incapable de penser à ce qui lui cause une telle douleur et de le symboliser. Devant cette impasse, cette absence de signification, le sujet n.a plus d.autre solution que d.agir. Ce défaut d.élaboration psychique semble renforcé sur Internet. Il y a dans ces groupes encourageant le suicide quelque chose de l.ordre du meurtre collectif.
1.4/



Cela est totalement vrai, il y a quelque temps, sur le salon juridique, un homme désespéré est venu me voir, il m'a raconté son histoire.Son ami fréquentait un Tchate.Il se sentait mal, il a entamé une conversation avec une femme, jours après jour, et un jour elle lui a dit tu n'as qu'à te suicider.Il l'a fait.Mais comme aucune preuve de son écrit n'avait été relevé et comme le fait d'établir le lien de cause à effet non plus, je n'ai rien pu faire qu'un signalement à l'op du Tchate.
Ma meilleure amie s'est également suicidée à cause d'un manipulateur , un prédateur du net.Comment prouver tout cela? c'est trés difficile, mais le lien avec internet est SUR ET CERTAIN.




psychose et Internet
Les psychiatres américains commencent à publier des études de cas de patients, qui construisent leur délire autour d.Internet. Il s.agit de patients présentant une structure de personnalité organisée sur un mode psychotique. Ils sont diagnostiqués comme schizophrène, selon les critères du DSM-IV.
8 Thompson S., (1999), .The Internet and its potential influence on suicide., in The Psychiatric Bulletin, n° 23, pp 449-451.
9 Baume P., Cantor C. H., Rolfe A., (1997), « Cybersuicide : the role of interactive suicide notes on the Internet », in Crisis, n° 18, pp. 73-79.
Selon Margolese H. C. et al., la « psychose Internet », comme l.appellent désormais la plupart des psychiatres américains et la presse, est beaucoup plus répandue que les rares cas rapportés par la littérature. Tous les regards sont aujourd.hui tournés vers le nouveau médium et il prend une place de plus en plus importante dans les technologies de l.information et de la communication. Les sujets de structures psychotiques sont également sensibles à ce nouvel outil. H. Nasrallah, professeur de psychiatrie et de neurologie à l.université de l.Ohio, n.est pas surpris de trouver des éléments liés à Internet dans les constructions délirantes de sujet à structure psychotique. Selon lui, le thème autour duquel le sujet élabore son délire « dépend de la culture, de l.environnement et de l.éducation du patient. »



dépression et internet
En 1998, R. Kraut et ses collaborateurs de l.Université de Carneggie Mellon s.interrogent sur les changements apportés par Internet sur la vie des citoyens américains. Internet, outil de progrès, a-t-il amélioré, ou au contraire a-t-il nui, à la vie sociale et au bien-être de ces utilisateurs ? Les résultats de leur enquête ne donnant pas de réponse affirmative à la question, ils ont nommé ce phénomène le « paradoxe Internet » ou « l.outil social qui diminue l.engagement social et le bien-être psychologique ». Cette étude nous intéresse, car elle aborde le lien entre dépression et Internet.
Pour répondre à leur question de départ, Kraut et ses collaborateurs partent du principe que leurs arguments ne devront pas se baser uniquement sur la technologie Internet, mais plutôt sur la façon dont les individus l.utilisent. Le problème apparaît alors de façon différente : si le médium est utilisé pour communiquer (par courrier électronique, chats, MUDs.) avec des amis habitant dans des villes éloignées, son usage permettra de renforcer le contact social ; s.il est utilisé pour rentrer en contact avec des étrangers, il pourra entraîner une diminution du contact social avec ses proches et les membres de sa famille ; et enfin l.utilisation d.applications, telles que le World Wide Web, qui sont plus asociales, pourra avoir comme conséquence de se substituer aux activités sociales.
Les auteurs estiment que le fait qu.Internet pourra avoir de l.influence sur l.engagement social implique des conséquences non négligeables pour la société et pour le bien-être psychologique des individus. Ils partent du postulat, que l.engagement social des individus a des effets importants sur la société et sur les individus eux-mêmes. L.engagement social, c.est à dire la participation à la vie de la cité, se concrétise par des actes, tel que le fait de voter, par des discussions politiques que l.on peut avoir avec ses proches, par une participation bénévole à une association, mais également par le fait de participer à des soirées.10Le désengagement social serait lié au niveau de la société à un gouvernement moins efficace et plus corrompu et à une augmentation du taux de criminalité. Au niveau individuel, il se manifesterait par une faible qualité de vie et une diminution de la santé physique et psychologique des citoyens. Kraut et ses collaborateurs vont construire toute leur réflexion sur l.impact d.Internet autour de la notion d. « engagement social » et à partir du postulat qu.il existerait un lien de cause à effet entre l.engagement social et la dépression. Ainsi plus les individus ont de contacts sociaux, plus ils sont joyeux et en meilleure santé.
10 D.après Putman R., (1995), .Bowling alone : America.s declining social capital., in Journal of Democraty, n°6, pp. 65-78.




Néanmoins une enquête auprès des participants a révélé que se faire des nouveaux amis en ligne est plutôt rare. Les internautes développent des relations sociales en ligne, mais qui sont faibles. Kraut et ses collaborateurs ne remettent pas en question l.idée qu.il est possible d.avoir des interactions sociales sur Internet, mais s.interrogent plutôt sur la qualité de ses relations en ligne et sur leur impact sur les relations de la vie réelle. Selon eux, Internet ne permet pas de créer des relations sociales « fortes », c.est à dire faites de contacts fréquents et de sentiments profonds d.affection. Ces relations « fortes » sont, selon leur opinion, importantes, car elles amortissent le stress quotidien du sujet et conduisent à de meilleurs résultats sociaux et psychologiques.
Dans le même esprit que les études de K. Young sur le « Trouble d.addiction à Internet », un lien est fait entre le temps passé à utiliser le médium et un vécu dépressif, puisque ce sont les sujets qui ont le plus utilisé Internet, qui voient leur « bien-être psychologique » se dégrader. Mais Kraut et ses collaborateurs ne font pas la liaison dans le même sens. Young considérait que des troubles psychologiques, telle que la dépression, étaient un facteur pouvant conduire à un usage intensif d.Internet. Kraut et al. considèrent, au contraire, que c.est un usage excessif d.Internet qui est à l.origine de l.apparition d.un vécu dépressif, en se basant sur le constat, comme il a déjà été précisé plus haut, qu.une dépression ou une solitude initiale à l.expérience ne s.est pas révélée prédictive de l.utilisation que le sujet allait faire d.Internet.
R. LaRose, professeur au département des télécommunications de l.université du Michigan, ainsi que deux doctorants M.S. Eastin et J. Gregg ont remis en question la formulation du « Paradoxe Internet », fait par Kraut et al., visant à établir un lien causal entre l.utilisation importante d.Internet et une baisse de l.engagement social, ceci aboutissant à l.apparition d.un état dépressif. Ils reprochent à Kraut et al. de ne pas construire leur réflexion en s.appuyant sur une référence théorique unique.
Les auteurs reformulent le paradoxe énoncé précédemment en s.appuyant sur la théorie cognitivo-sociale, développée par Bandura (1986). La théorie cognitivo-sociale s.intéresse à la perception que le sujet a de son comportement, et non au comportement en lui-même.12 Ils cherchent à mettre en évidence une relation entre l.utilisation d.Internet, le soutien social et la dépression, en tenant compte de l.influence possible de trois facteurs : le « self efficacy »13 (que nous traduirons par « sentiment d.efficacité »), le stress lié à l.usage d.Internet et le soutien social perçu. Dans l.étude que mènent LaRose et al., ces trois variables ont un rôle déterminant et constituent la genèse du lien entre Internet et dépression, alors que Kraut et ses collaborateurs n.y font que vaguement allusion en tant que variables extérieures. Cette recherche prend donc en compte le niveau d.expérience que les individus ont d.Internet. En effet, les sujets qui ont participé à l.expérience de Kraut et al. sont des utilisateurs novices. Ils sont donc moins compétents dans leur utilisation du médium pour créer des liens sociaux ou obtenir un soutien social et retirent donc moins de satisfaction de leur connexion. De plus, Internet peut être pour eux une nouvelle
12 Bandura écrit à ce propos : « Si les individus veulent avoir une influence sur leurs actions, ils doivent savoir ce qu.ils sont en train de faire. » (1996), Social foundations of thought and action: A social cognitive theory, N. J.: Prentice- Hall.
13 Les auteurs définissent l.expression « self efficacy » comme « la croyance dans ses capacités à réaliser une tâche avec succès. » Selon Bandura, les sentiments d.efficacité se développent principalement au cours des activités où la personne fait l.expérience d.une réussite.
source de stress, dû à l.apparition de problèmes techniques. Or les auteurs considèrent le stress comme une cause possible à l.apparition d.un état dépressif14.
De plus, les sujets de l.étude de Kraut présentaient un faible niveau de dépression et étaient des sujets qui faisaient partie d.une communauté, à laquelle ils étaient unis par de solides liens sociaux. LaRose et al. suggèrent que des résultats plus significatifs seraient obtenus auprès de personnes dites « nomades », c.est à dire, amenées à se déplacer régulièrement ou à quitter le domicile familial pour de longues périodes (par exemple, les étudiants qui doivent partir étudier dans une ville étrangère). Ces populations « nomades », qui sont coupées de relations face à face stables, seraient plus susceptibles de présenter un plus haut niveau de dépression et de stress, dû à l.éloignement d.avec leurs proches et tireraient plus de bénéfices des interactions en ligne que d.autres personnes.
En conclusion, les nouveaux utilisateurs ont des expériences de stress en utilisant Internet, ce qui peut avoir pour conséquence l.apparition d.un état dépressif, quand ils se sentent incapables de contrôler des évènements importants, qui dépendent d.une utilisation réussie d.Internet. L.usage d.Internet peut donc augmenter la dépression en créant une nouvelle source de stress, mais qui pourrait être renversé par le développement de la réussite personnelle sur Internet. Mais les résultats obtenus par les auteurs montrent également que l.utilisation d.Internet diminuerait l.état dépressif par l.usage du courrier électronique pour obtenir un soutien social. Le soutien social diminuerait la dépression en agissant sur le stress quotidien.



Perversité sexuelle et internet
L.industrie érotique et pornographie a su profiter pleinement de la « révolution Internet ». Certains analystes de l.évolution du monde virtuel suggèrent même qu.aujourd.hui le seul secteur qui a réussi à dégager des bénéfices sur Internet est celui du commerce. Certains psychologues s.inquiètent des répercussions des pratiques sexuelles sur Internet sur la sexualité du sujet dans la vie réelle. Ils craignent voir apparaître des conduites addictives.
Internet est également devenu un lieu d.expression et de rencontre pour des sujets qui ont des comportements sexuels pervers. Des groupes peuvent se constituer, abrités par l.anonymat que leur procure le numérique.
Après avoir présenté la notion de « cybersexe », nous aborderons le cas des groupes virtuels organisés autour de fantasmes sexuels à tendance perverse.
Les pratiques sexuelles en ligne, baptisées « Cybersexe », regroupent des comportements divers. Cela peut être :
le simple flirt via des chatrooms ou des MUDs,
la recherche et le partage d.informations à contenu sexuel,
les discussions érotiques ou pornographiques,
les comportements sexuels déviants.
Alarmés par le nombre grandissant de patients se présentant en thérapie pour des problèmes liés à des habitudes de sexualité « en ligne », Alvin Cooper et des collaborateurs, du « San Jose Marital and Sexuality Center », ont réalisé une étude
14 Selon Bandura, la dépression résulte de « l.incapacité à avoir de l.influence sur les événements et les conditions sociales, qui peuvent de façon significative affecter la vie de la personne. » DeLarose et al. ajoutent, « alors que le stress est un état émotionnel généré la peur et les tâches pénibles. »
auprès de personnes consultant des sites web à contenu érotique ou pornographique, afin de déterminer si cette pratique pouvait être à l.origine de troubles de la sexualité.
D.après leurs résultats, il semblerait que dans la plupart des cas, la consultation de sites à contenu sexuel n.a pas entraîné de problèmes dans la vie réelle. Néanmoins chez certains sujets, il semblerait que les troubles de la sexualité soient corrélés de façon positive à une utilisation importante d.Internet (entre 11 et 80 heures par semaine). Ces sujets montrent des signes de détresse psychologique et admettent que leur comportement interfère avec certaines parties de leur vie.
D.après Cooper et ses collaborateurs, « Le cybersexe permet à un individu d.explorer des fantasmes sexuels, qui se seraient d.eux-mêmes éteints, s.ils n.avaient pas été renforcés par un feedback immédiat fourni par les interactions en ligne. »15 Certaines personnes apprécieraient particulièrement de passer par le biais de ce nouveau médium pour satisfaire leurs pulsions, car Internet leur apporte trois avantages, que les auteurs ont nommé « la règle des trois A » : « Anonymity . Availabibity . Affordability ». L. « anonymity » (« l.anonymat ») est l.illusion de pouvoir surfer sur Internet sans que personne ne le sache ; l. « availability » (« l.accessibilité ») exprime le fait d.avoir facilement à disposition de nombreuses informations relatives à la sexualité et à la violence, mais également à des sujets socialement inacceptables, voire en marge de la légalité ; l. « affordability » (« abordable ») est le coût relativement peu élevé d.un tel accès.
Actuellement, dans les études qui sont réalisées sur la sexualité sur Internet, il y a deux prises de position : la première considère la sexualité sur Internet comme un comportement pathologique ; la seconde y voit au contraire une voie d.exploration et d.expression de la sexualité du sujet.
Les premiers (J. Bingham et C. Piotrowski 1996) proposent un modèle médical servant à expliquer l.émergence de pratiques sexuelles en lien avec l.utilisation d.Internet. La sexualité sur Internet y est vue comme un comportement addictif.
En 1995, S. Kalichman et D. Rompa ont mis au point une mesure de la compulsion sexuelle. Ceci leur a permis de montrer que les pratiques sexuelles liées à Internet étaient corrélées de façon positive chez les sujets à de la solitude, à une faible estime de soi et à un manque de contrôle de sa sexualité. Ces résultats font écho à ceux trouvés par Kimberly Young sur l.addiction à Internet.
Un débat divise aujourd.hui les recherches menées sur l.application du concept d.addiction aux pratiques sexuelles sur Internet. Des auteurs, tels que le psychanalyste R. M. Young, se demandent si le concept d.addiction reflète de façon appropriée la réalité de la sexualité. Mais le modèle de l.addiction reste pour le moment le principal modèle auquel se réfèrent aujourd.hui les études sur la sexualité sur Internet.
Dans une perspective plus adaptative, certains chercheurs suggèrent que le cybersexe corresponde plutôt à une exploration et à une expression de la sexualité du sujet.
Newman défend l.idée qu.Internet a offert la possibilité de discuter de la sexualité d.une façon plus ouverte et plus franche.
A. Cooper et L. Sportolari (1997) se sont intéressés aux « romances dans le cyberespace ». Pour ces auteurs, elles comportent de nombreux aspects positifs,
15 Cooper A., Scherer C. R., Boies S. C., Gordon B. L., (1999), .Sexuality on the Internet: from sexual exploration to pathological expression., Professional Psychology: Research and Practice, april 1999, vol. 30, n° 2, pp. 154-164. Ces auteurs sont psychologues cliniciens.
tels que par exemple, la diminution de l.importance de l.apparence physique dans l.établissement d.une relation.
Pour S. Leiblum (1997) le « cybersexe » est une expression des différentes tendances sexuelles des internautes. L.expression regroupe divers comportements sexuels, qui vont de la simple curiosité à l.obsession. Il donne des conclusions similaires à celles déjà formulées par S. Kalichman et D. Rompa, ainsi que par K. Young : Les pratiques sexuelles en ligne sont liées à l.isolation sociale du sujet et à une vie insatisfaisante.
Les pratiques sexuelles qui ont court sur le médium numérique revêtent de multiples formes. Les utilisateurs qui accèdent à des sites érotiques ou qui ont des pratiques sexuelles par le biais d.Internet sont tous poussés par des désirs et des attentes différentes. La satisfaction de besoins sexuels sur Internet devient pathologique, lorsque le sujet n.arrive plus à assouvir ses pulsions que par le biais de ce médium et reste fixé sur cet objet. Internet peut également être le lieu d.expression d.une sexualité pathologique, comme dans le cas d.un sujet pédophile.
Le médium numérique permet l.émergence de groupes organisés autour du partage des même fantasmes sexuels pervers. Ces internautes fréquentent eux-mêmes peu les sites pornographiques payants. Il semblerait qu.ils préfèrent la convivialité des forums de discussions. Ils peuvent s.y échanger textes, photos, vidéos, anecdotes, qui alimenteront leurs fantasmes.
Ces tendances sexuelles qui s.expriment sur Internet sont les mêmes que les tendances que les sujets présentent dans la vie réelle : certains ont des tendances plutôt voyeuristes ou sadiques, d.autres exhibitionnistes ou masochistes.
La particularité de ces groupes virtuels est qu.ils impliquent l.internaute. Ceux qui y participent ne sont pas des utilisateurs occasionnels. Prendre part à un forum de discussion électronique suppose par la suite certaines obligations envers ce groupe.
Ce phénomène d.implication a plusieurs conséquences. Tout d.abord, selon M. Taylor16, E. Quayle et G. Holland, il banalise l.acte, ce qui a un effet néfaste dans le cas de comportements délinquants, tels que la pédophilie ou la nécrophilie. L.implication du sujet pédophile dans un groupe et le soutien que ce groupe peut lui apporter, contribuent à légitimer son comportement. Il apparaît également que l.individu retire du groupe un sentiment de pouvoir. Certains internautes, possédant de bonnes compétences techniques, vont y gagner en reconnaissance et en notoriété. Enfin, M. Taylor observe que les échanges de documents textuels ou visuels à caractère sexuel en cours sur les babillards débouchent sur des collections. Les sujets se mettent à collectionner les images, qu.ils classent selon un système plus ou moins élaboré, ce qui là encore peut leur apporter de la notoriété, puisque ces collections sont mises en circulation sur le Net et sont très prisées. Le fait de collectionner tendrait selon les auteurs « à faire croître les fantasmes et l.activité sexuelle. » cela contribue à ce que leur libido reste fixée sur le même objet. Taylor et ses collègues iront jusqu.à dire qu.Internet permet cette fixation par l.abondance de ses ressources.
Les forums et les babillards électroniques permettent à ces personnes de se retrouver, ce qui est plus difficile pour elles dans la vie réelle, sous peine de poursuites judiciaires, ou encore par crainte ou par honte. Néanmoins, il convient de relativiser le rôle que joue le médium dans cette pathologie. Un sujet ne se construit
16 Taylor M., Quayle E., Holland G., (2001), « La pornographie infantile, l.Internet et les comportements délinquants », in ISUMA, vol n° 2, Eté 2001.
http://www.isuma.net/v02n02/taylor/taylor_f.shtml
pas sur un mode pervers après avoir participé à des groupes de discussions numériques, il l.est déjà avant. Mais le médium favorise sûrement l.expression de plus en plus libre des pulsions.
S. André, psychanalyste d.orientation lacanienne, dans un article où il traite de la pédophilie, soulève un élément particulier de ce type de pratiques sexuelles dans notre société, qui peut être mis en lien avec celles qui se pratiquent sur Internet : « Ce qu.il faut noter dans l.affaire Dutroux, c.est que l.enfant, la chair de l.enfant, ne va vraiment acquérir de la valeur (valeur marchande et valeur sexuelle) que par l.usage qui va en être fait 17.
Les pratiques sexuelles sur Internet sont variées. Internet est un objet où les sujets peuvent à loisir, grâce à ses caractéristiques particulières, projeter leurs fantasmes sexuels représentés. Les modèles d.explication proposés par les chercheurs américains sont insatisfaisants, car ils ont tendance à trop se centrer sur le comportement du sujet, sans le mettre en rapport avec la problématique du sujet. Cette façon d.appréhender le phénomène rappelle celle des chercheurs qui ont travaillé sur l.addiction à Internet.



troubles du contact sexuel
Il apparaît dans notre enquête trois types de relation entre les usages d.Internet et des jeux vidéo et la sexualité.
l.évitement de la relation sexuelle
Muriel tombe amoureuse sur Internet. Elle fait la connaissance d.un homme sur un site de rencontre. Il est parfait. La rencontre physique se passe très mal. Elle ne supporte pas la demande sexuelle de cet homme. Elle ne donne pas suite. Elle renouvelle avec succès les rencontres sur Internet, tombe amoureuse mais se refuse à la rencontre physique. « Le corps pervertit la beauté des sentiments ».
les « Don Juan » du net
Internet de par la facilité et la rapidité des contacts favorise les rencontres. Michel est dans une course à la rencontre féminine, à la séduction, au passage à l.acte sexuel. Les sites de rencontre vont lui permettre de multiplier et d.intensifier ses rencontres. Si nous acceptons la notion d.addiction sexuelle, Internet est un média qui aura tendance à favoriser le passage à l.acte de cette addiction.
le développement des pratiques perverses
Laurent est chrétien pratiquant et homosexuel. Il change souvent de partenaire. De sa pratique sexuelle il en retire beaucoup de honte et il la cache. Comme précédemment les sites de rencontre spécialisés vont lui permettre de multiplier ses rencontre et ses expériences. Par l.intermédiaire de chat, il va pouvoir exprimer et partager ses fantasmes sado-masochistes. L.anonymat, la distance, et le regroupement de personnes ayant les mêmes perversions les « normalisent » et déculpabilisent la personne de ses pensées. Laurent, « effrayé » par ses dialogues, ne passera pas à l.acte.




Nous nous proposons donc de regarder les jeux vidéo et Internet comme des formes nouvelles émergentes dans notre environnement. Ces formes ne sont pas indépendantes de notre environnement politique, économique, culturel, social. Regarder Internet et les jeux vidéo, indépendamment de l.environnement du sujet usager risque de nous focaliser sur des aspects comportementaux et non pas sur le sens que l.usage a pour le sujet.



J'ai sélectionné pour vous les parties les plus intéressantes de l'étude, tout ce qui touche à internet et n'ai pas relaté l'impact des jeux videos qui est certain.Cet article, enfin scientifique, est celui que je cherchais pour pouvoir comprendre moi meme les comportements qui m'ont été relaté sur internet, lorsque des personnes venaient me demander comment agir.Tout ce que j'ai vu, et lu, pendant ces derniers mois en outre, atteste en tout point à cette analyse médicale.L'on voit des comportements, des actes, mais n'étant pas des professionnels médicaux, on sent évidement que ce n'est pas normal (dans le sens social) mais j'espère que la lecture de cette merveilleuse analyse vous éclairera , autant qu'elle m'a été révélatrice.

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