lundi, juillet 7

La lutte contre la pédophilie sur internet

La lutte contre la pédophilie sur Internet
Quand on parle de lutter contre la pédophilie sur Internet, la première idée suggérée consiste à identifier le propriétaire du site diffusant des images pédophiles, et à faire fermer le site. Accessoirement, il s’agit d’engager des poursuites pénales contre le propriétaire du site.Quiconque a étudié le problème en surfant sur Internet constate rapidement que l’idée de fermer les sites au contenu pédophile est illusoire. En effet, ces sites se comptent sans doute par centaines de milliers. Des images à caractère pédophile sont d’ailleurs fréquemment mêlées à des images de pornographie " traditionnelle ". Il n’y a donc pas que des sites exclusivement pédophiles. Et de nouveaux sites se créent pratiquement tous les jours.
Des images piratées
N’importe qui est en mesure de créer gratuitement un site, puis de le " garnir " d’images à caractère pédophile piratées -téléchargées- sur d’autres sites. Un pourcentage important des images est commun à bien des sites. Il est donc extrêmement difficile, pour un enquêteur, d’identifier la source initiale de telle image. Elle a pu être piratée sur un site qui, depuis, a été fermé et qui, lui-même, ne contenait que des images piratées.
Quand un site est fermé
Il arrive fréquemment qu’on tombe sur un site où un message informe que le site a été fermé à la suite d’une intervention policière. L’internaute est invité à se rendre à une nouvelle adresse où le site est recréé…Difficultés pratiquesD’autre part, la page d’accès -ou Home page- et les autres pages d’un site peuvent se trouver à des adresses différentes. C’est-à-dire qu’un site contenant dix pages peut fort bien, dans la pratique, se composer de dix sites différents créés dans dix pays différents. Ainsi, en cliquant sur " page suivante ", l’internaute peut être envoyé à une nouvelle adresse, sans même s’en rendre compte.Bien souvent, la page d’accès ne comporte rien d’autre qu’un message avertissant que le contenu du site est de nature pornographique, que les mineurs ne doivent pas le consulter et qu’en entrant dans le site l’internaute prend l’engagement de ne pas intenter des poursuites judiciaires contre le propriétaire.On comprend que l’idée de fermer les sites à contenu pédophile implique la mobilisation d’effectifs policiers très importants. Il faudrait des dizaines de milliers de policiers ne faisant rien d’autre que surfer sur des sites pornographiques.Chaque fois que des images à caractère pédophile seraient repérées, il faudrait déclencher une enquête dans les règles, mandater un juge d’instruction, lancer des commissions rogatoires internationales, intenter des procès -tout ceci représentant des sommes astronomiques en heures de travail et mobilisant des effectifs nécessaires à bien d’autres choses-, pour un résultat insignifiant, voire nul.
Aspects juridiques
Les lois varient d’un pays à l’autre et tous ne répriment pas les mêmes faits de la même manière. Dans tel pays, on considérera que " l’avertissement aux mineurs " inscrit sur la page d’accès du site dégage effectivement la responsabilité pénale du propriétaire du site. Dans tel autre pays, on considérera que le simplefait de diffuser des images -éventuellement piratées ailleurs- n’est pas une infraction. Dans la plupart des cas, il sera difficile de prouver que les jeunes photographiés n’avaient pas déjà atteint tel âge légal. La défense soutiendra que les jeunes en question " font moins que leur âge "…La plupart des procès risquent fort de n’aboutir qu’à une amende, voire même à un non-lieu. Même si amende il y a, son montant ne représentera qu’une fraction dérisoire de ce qu’auront coûté l’enquête de police et les frais de justice.
Le crime organisé
Pour que la lutte contre les réseaux pédophiles soit efficace, il faudrait qu’elle puisse se concentrer sur ceux qui photographient effectivement les enfants et constituent la source première de toutes les images pédophiles ultérieurement diffusées et piratées sur Internet. On s’attaque là au crime organisé -par exemple la mafia russe- et il est évident que les responsables disposent de complicités qui les mettent pratiquement à l’abri de poursuites pénales.Faut-il en conclure qu’il s’agit d’une lutte sans espoir, ruineuse pour ceux qui voudraient l’entreprendre ? Une telle conclusion serait superficielle.
Définir un objectif stratégique
En dernière analyse, il s’agit de savoir ce qu’on veut vraiment, c’est-à-dire de définir un objectif stratégique clair et réaliste.Si on adopte une stratégie purement moraliste, visant à la fermeture de tous les sites à caractère pédophile, on a vu que les difficultés sont énormes et les chances de succès quasiment nulles.Par contre, si la stratégie vise à ruiner l’industrie pédophile, l’objectif peut être atteint avec des moyens relativement dérisoires et dans des délais relativement courts.
Ruiner l’industrie pornographique
Il s’agirait de créer un site entièrement gratuit, sur lequel on concentrerait toutes les images pédophiles qu’on piraterait ailleurs. Dès lors, pour le crime organisé, il ne serait plus du tout rentable de financer des réseaux de pédophilie et des studios destinés à photographier ou filmer des enfants. A peine les réseaux criminels diffuseraient-ils les images ainsi obtenues sur le site payant, elles seraient aussitôt piratées et transférées sur le site gratuit…Aucun internaute n’aurait plus intérêt à accéder à un site payant, puisqu’il serait en mesure de visionner gratuitement le même " matériel ".Il conviendrait d’user de la même stratégie pour les sites à caractère sado-masochiste, dont les pourvoyeurs, par effet de concurrence, sont poussés à une fuite en avant dans la cruauté, sur des victimes de plus en plus souvent non-consentantes.La fréquentation des sites payants tomberait en chute libre. Par ce moyen, on ruinerait, d’un seul coup, des centaines de milliers de sites payants, sans même devoir se donner la peine d’enquêter sur chacun d’eux. On imagine la frustration des mafieux. Il ne leur resterait plus que les bordels traditionnels, lesquels sont beaucoup plus faciles à identifier et beaucoup plus exposés à une descente de police, puisqu’on est contraint d’y recevoir des clients inconnus.
Frank BRUNNER
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