jeudi, septembre 4

Le manque de repère des Ados,influencés par ce qu'ils voient sur la Toile

Poitrine dénudéeMais il y a encore plus grave, avec au moins une photo d’une jeune fille qui s’est vue sur la toile, la poitrine dénudée. De nombreux commentaires salaces accompagnaient la photo. C’est, semble-t-il, après une rupture avec son petit ami qu’elle s’est retrouvée sur le net. Au moment où le couple filait le parfait amour, la Juliette a été d’accord de poser pour son Roméo, en lui faisant le «cadeau» d’une photo intime. Hélas, les choses se sont dégradées entre les deux tourtereaux…Diffusée sur internet, la photo a amené de nombreuses remarques plutôt graveleuses. «De tels commentaires peuvent démolir les jeunes filles qui découvrent le soir, seules devant leur écran, des mots crus sur leur personne. Même chose pour les garçons! Ce n’est pas évident d’être injurié de la sorte et de ne pas pouvoir riposter», tonne Pierre Cottier.Le but des blogs est de diffuser la photo qui fera réagir le maximum de gens, indique Bernard Wicky, enseignant d’informatique au CO de Bulle. A la demande de son directeur, il a passé de longues heures à surfer sur ces journaux pour en découvrir de nombreux créés par des Gruériens. «Ils sont faits par des jeunes de Riaz, de Vuadens et d’Enney. Pas des jeunes désœuvrés des banlieues de Paris ou de grandes villes», relève-t-il.
Menaces et injuresLes blogs contiennent de tout. Il y a de gentilles photos de copains, de grand-papa ou de maman. Mais il y a aussi ces images montrant des Gruériennes de moins de 16 ans dans un bar ou celles présentant des ados – cigare ou cigarette au bec – vantant les mérites d’une certaine bière fribourgeoise… Ce qui ne va pas sans poser des questions légales: fréquentation d’établissements publics des moins de 16 ans, consommation d’alcool.Président de l’Office des juges d’instruction, Jean-Luc Mooser rappelle ce que beaucoup ignorent: «Internet n’est pas une zone de non-droit. La justice peut agir. Il faut impérativement que les personnes lésées déposent plainte, car ce genre de délit ne se poursuit pas d’office. La police peut ainsi découvrir l’auteur du blog, même s’il a un pseudonyme.» Les recherches deviennent plus difficiles si le provider se trouve à l’étranger.La personne lésée peut accepter une conciliation devant le préfet. En cas d’échec, ce sont les articles pénaux sur l’atteinte à l’honneur qui s’appliquent. Mais il y a aussi eu des menaces. Les infractions pour injure, diffamation ou calomnie peuvent être sanctionnées par une amende ou l’emprisonnement. Cela peut aller de trois jours à trois mois pour les cas graves. Selon Jean-Luc Mooser, au moins une dizaine de plaintes ont été déposées dans le canton, dont trois en Gruyère.
RecommandationsLa Prévention suisse de la criminalité rappelle une série de règles que les parents seraient bien inspirés d’inculquer à leurs enfants et ados. A savoir: ne jamais donner, dans les chats et les blogs, d’indications de nom, d’adresse, de numéro de téléphone, d’information sur l’école, la classe et le professeur. Insister sur le fait qu’il est interdit de publier toute photographie d’une autre personne sur internet sans le consentement de celle-ci. Et surtout ne pas oublier que lorsqu’on publie quelque chose sur la toile, on en perd totalement la maîtrise.
Sites faisant de la prévention de la cybercriminalité: www.actioninnocence.org, www.e-prevention.ch et www.jusopis.com
Directive à l’étude
ALa Direction de l’instruction publique, de la culture et du sport (DICS) ne reste pas les bras ballants. La DICS va agir, souligne Isabelle Chassot: «Ce lundi, nous examinerons une dernière fois un projet de “Directive pour la publication de données personnelles pour internet”. Elle devrait être rendue publique d’ici la fin de l’année, avec un accent particulier mis sur les blogs.»Cette parution se fera dans le Bulletin FRI-TIC, le Réseau fribourgeois pour les technologies de l’information et de la communication. Après consultation, ces recommandations feront l’objet d’une dernière lecture à la Conférence des chefs de service de l’enseignement.Même si ces blogs ne sont pas rédigés à l’école, Isabelle Chassot estime que ça rentre «dans l’ensemble du cadre éducatif. Pas plus tard que l’année passée, nous avons publié un Mémento pour les adolescents disant que l’usage d’internet recelait un certain nombre de dangers.» L’adage est on ne peut plus clair: «Il n’y a pas que du net sur le net.» La patronne de la DICS rappelle que chaque élève signe une charte informatique, l’engageant à employer l’ordinateur de façon correcte.Comme juriste, la conseillère d’Etat souligne que les auteurs de blogs peuvent atteindre au droit de la personnalité des enseignants ou de leurs camarades de classe. «Les adolescents ne doivent pas croire qu’ils sont en terrain connu, parce qu’ils ne donnent les adresses de leurs blogs qu’à leurs copains et que leurs journaux n’apparaissent pas dans les moteurs de recherches», dit-elle. Tout ce qui est publié sur internet est visible par tous!S’il y a atteinte à la vie privée des gens, il peut «y avoir des sanctions pas seulement de l’école, mais aussi de la justice», avertit la conseillère d’Etat. Ces prochains temps, elle va demander aux directeurs d’école et aux enseignants de «renforcer le message éducatif dans le cadre de la prévention. Les parents doivent aussi nous aider, car ces événements surviennent en dehors du temps de classe.»

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