mardi, septembre 9

Le Maroc s'insurge contre la pédophilie que j'appellerai "consacrée"

Autrement : La fatwa du peupleCette affaire a l’avantage de nous alerter, une nouvelle fois, sur la question des instances d’autorité qui peuvent légitimement prétendre gouverner nos sociétés musulmanes.Sans aucun doute, c’est tout le Maroc qui a été indigné par la fatwa émise sur Internet par le «cheikh» Al Maghraoui en faveur du «mariage» des filles dès l’âge de neuf ans. Au délire d’un «pseudo» savant religieux, a répondu la saine réaction de l’opinion publique et de toutes nos élites! L’avocat Morad Bakouri qui a déposé plainte contre ce prédicateur qualifié de «salafiste» ou de «wahabite» s’est placé sur le bon terrain: celui des institutions du Royaume. L’idéologue wahabite, de fait, par ses propos, a porté atteinte au Code de la famille et aux droits des enfants dont l’Etat marocain est seul garant. Son avis n’est rien d’autre qu’une incitation à la pédophilie et à l’exploitation sexuelle des mineurs.La réaction de la société marocaine se révèle particulièrement heureuse. Les consciences contemporaines sont suffisamment formées, aujourd’hui, pour que chacun, ou à peu près, se montre capable de considérer que la sauvegarde de l’intégrité physique et psychologique d’une enfant est la règle suprême, quelles que puissent être les considérations de «théologiens» plus ou moins auto-proclamés. Car quand Monsieur Al Maghraoui déclare : «Il nous a été dit, et nous avons vu, que des filles de 9 ans ont la capacité de se marier autant que le peuvent les filles âgées de 20 ans et plus», il nous met face soit à un pervers dangereux, soit à un personnage délirant. Ce n’est pas «la religion» qui fera croire à n’importe quelle personne sensée qu’il y a équivalence de maturité entre une enfant de moins de dix ans et une femme adulte! Et les fatwas de personnages tels que Monsieur Al Maghraoui trouvent en face d’elles «la fatwa du peuple»!Cette affaire a l’avantage de nous alerter, une nouvelle fois, sur la question des instances d’autorité qui peuvent légitimement prétendre gouverner nos sociétés musulmanes. Qui doit produire le droit? Les institutions de notre pays sont, normalement, sans ambiguïté : le Roi et le Parlement. Mais l’attachement à l’Islam des Marocains est tel que «des hommes de religion» (comme on dit) peuvent prétendre dire LEUR droit indépendamment de celui édicté par les institutions du Royaume, en arguant du fait qu’ils s’appuient sur une interprétation autorisée par les Saintes Ecritures . C’est, aussi, la question des outils employés pour interpréter le Coran et la Sunna que soulève à nouveau cette fatwa délirante. En prétendant pouvoir s’appuyer sur l’exemple du Prophète de l’Islam à qui Aïcha aurait été promise en mariage à 6 ans, et dont le mariage aurait été «acté» lorsqu’elle eut 9 ans. Monsieur Al Maghraoui veut nous faire croire que la compréhension de la Tradition prophétique peut se faire sans qu’on ait recours à une étude critique (toujours à reprendre) de l’histoire de la production des hadiths. Finalement, lire les textes anciens suppose de prendre en compte deux contingences. : celle des textes et celle du lecteur. Dès que l’on oublie la contingence de son acte de lecture, on oublie du coup même le sens de la contingence des conditions d’apparition des textes. Et inversement, si on occulte les caractères contingents de la première circulation des textes fondateurs, on est incapable d’en faire une lecture actuelle.

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